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Le blog de c.kamiya

La femme n'est pas l'avenir de l'homme pieux de Michel Tarrier

12 Octobre 2011 , Rédigé par Kamiya

La femme n’est pas l’avenir de l’homme pieux

« Le poète a toujours raison / Qui détruit l'ancienne oraison / L'image d'Eve et de la pomme / Face aux vieilles malédictions / Je déclare avec Aragon /La femme est l'avenir de l'homme. »

En révisant la mentalité phallocrate des grandes religions, on comprend pourquoi il s’avère si difficile de « détruire l’ancienne oraison », ainsi que nous y exhortait Jean Ferrat. Si la femme est l'avenir l'homme, alors quel est l'avenir de la femme quand l’homme s’accroche au dogme ?

La guerre dominatrice et universelle reçue en legs d’Abraham contre l’homme de couleur, l’animal et la Nature, s’exerce aussi et sans rémission à l’égard de l’autre sexe. Un des aspects les plus criants de l’inhumanité des religions révélées et dogmatiques est la misogynie des textes permettant toute instrumentalisation à l’encontre de la femme. Il ne s’agit pas de porter un jugement rétrospectif sur un aspect scabreux d’un lointain passé d’une étrange tradition d’une lointaine contrée en s’appuyant sur des conceptions actuelles ou progressistes, façonnées par les dernières décennies d’une rapide évolution occidentale, mais de regarder ce qu’il advient, autour de nous, au nom de cet enseignement calamiteux.

« Si donc la femme n'est pas voilée, qu'elle se tonde aussi ! Mais si c'est honteux pour une femme d'être tondue ou rasée, qu'elle se voile ! Car l'homme n'est pas obligé de se voiler la tête : il est l'image et la gloire de Dieu ; la femme est la gloire de l'homme. » Saint Paul (Lettre aux Corinthiens, 11.6)

« Les femmes n'ont qu'à se souvenir de leur origine, et sans trop vanter leur délicatesse, songer après tout qu'elles viennent d'un os surnuméraire où il n'y avait de beauté que celle que Dieu y voulut mettre. » Bossuet

« Depuis le premier jour, l'Eglise a pris et gardé la femme, comme l'aide la plus puissante de son œuvre de propagande et d'asservissement. Mais, dès l'abord, un obstacle se dressait. La femme n'était-elle pas la honte et la perdition, une créature de dégoût, de péché et de terreur, devant laquelle tremblent les saints ? En elle, l'immonde nature a mis son piège, elle est la source charnelle de la vie, elle est la vie elle-même, dont le catholicisme enseigne le mépris. » Emile Zola

« Le raciste et le nationaliste xénophobe, le moralisateur des ligues de vertu ou le "macho" prennent pour des idées ce qui n'est que fantasme : "l'immigré-délinquant-par-nature", le "pêcheur-débauché", la "putain" ou la "femme-inférieure-soumise" sont, à leur insu, comme le diront plus tard Nietzsche et Freud, des traductions et des travestissements des désirs, des "fantasmes", des manifestations de l'inconscient, des travestissements ou symptômes des instincts du faible et des mécanismes de défense du névrosé. » Eric Blondel

« Avatar de la sagesse hébraïque et de la Sophia grecque, la Marie des chrétiens, qui exalte à la fois la virginité et la maternité, a pendant des siècles condamné la femme à ne pas jouir ou à jouir dans la honte et la culpabilité. Elle a exercé sur des milliers de générations, sa fonction d'exciseuse mentale. » Raoul Vaneigem

«  Les trois monothéismes - je dis bien les trois - professent fondamentalement une même détestation des femmes, des désirs, des pulsions, des passions, de la sensualité et de la liberté, de toutes les libertés. Qu'on n'aille pas s'exciter sur la pertinence ou non de l'enseignement du fait religieux à l'école, l'urgence, c'est l'enseignement du fait athée. » Michel Onfray

L’affaire Marie-Madeleine est assez emblématique pour ce qui concerne l’immonde et tenace option antiféministe des catholiques. Dans l’art sacré traditionnel, Marie-Madeleine, alias Marie de Béthanie, est représentée dénudée, avec de longs cheveux dénoués, à la manière des péripatéticiennes de Palestine. Selon certaines théories auxquelles il est finalement préférable de se rapprocher pour esquiver les faussetés dogmatiques, Marie-Madeleine aurait été la femme du Christ et aurait eu des enfants avec lui. C’est par la terreur que l’Église, de mauvaise conscience, a toujours œuvré pour occulter cette vérité probable, comme tant d’autres. Faire de Marie de Magdalena une simple pute permit tout à la fois de cacher sa troublante identité, de condamner le désir charnel et de mettre la femme aimante au rang de la traînée. Le prétendu fils de l’immaculée conception ne pouvait être un mâle banalement phallique. Marie-Madeleine épouse du Christ est une thèse récurrente des chercheurs en histoire alternative. C’est le principal personnage de l’essai La Révélation des Templiers de Lynn Picknett et Clive Prince, amplement repris par Dan Brown dans son roman Da Vinci Code traitant de la théorie du complot. Prétendant qu'elle était elle-même le Saint Graal, Dan Brown fait de Marie-Madeleine l’incarnation de la féminité sacrée : « Le Graal est littéralement l’ancien symbole de la féminité et le Saint Graal représente le féminin sacré et la déesse. (…) Par conséquent, le féminin sacré fut diabolisé et considéré comme sale. Ce n’est pas Dieu mais l’homme qui créa le concept de péché originel, selon lequel Ève goûta la pomme et fut à l’origine de la chute de la race humaine. La femme qui fut sacrée, celle qui donnait la vie fut transformée en ennemi ».[] Tous les auteurs s’appliquant à une réécriture de l’histoire des débuts de l’Église des tout premiers siècles de l’ère chrétienne arguent d’un certain nombre de textes apocryphes comme l’Évangile de Marie ou l’Évangile selon Thomas, permettant d’accréditer le postulat de Marie-Madeleine épouse du Christ, et par là même une primordialité accordée à la femme, ensuite reniée et bafouée. Dans l'Évangile selon Philippe, autre texte gnostique et fiable du second siècle, l'intimité entre Jésus et Marie-Madeleine est proclamée quand il est dit que Jésus l'aimait plus que tous les disciples et l'embrassait souvent sur la bouche (verset 45 ou 55 selon les éditions). Marie-Madeleine aurait ainsi été désignée plus tard sous l’identité de l’apôtre, celui préféré du Christ (« le disciple que Jésus aimait »). Dans la tradition catholique finale, le titre d’épouse du Christ (« Sponsa Christi ») est habilement attribué à l'Église et non pas à la disciple Marie-Madeleine.

Essentiellement patriarcales, les sociétés anciennes réservaient à la femme un rang inférieur. Par exemple en France, il fallu attendre la révolution pour que la femme bénéficie du même droit d’héritage que le sexe masculin, 1863 pour qu’elle accède aux études secondaires, 1874 pour qu’elle soit dispensée du travail dans les mines, 1908 pour le droit de divorce, 1938 pour la capacité juridique, 1944 pour le droit de vote, 1965 pour ouvrir un compte en banque, 1967 pour la contraception, 1971 pour l’égalité des salaires, 1974 pour l’IVG (sous certaines conditions…), 1992 pour la protection des violences conjugales. Les mondes arabe, juif et chrétien vivant désormais sur une même longueur d’onde de modernité globale, les anciens anachronismes précités de la vieille Europe ne peuvent pas justifier le maintien d’une si grande disparité de droits encore vécue par les femmes dans le monde Arabe. On ne peut ainsi légitimer le port du niqab ou de la burkha, l’excision au Mali, la lapidation en Afghanistan, l’immolation d’une femme tadjik, ou encore le meurtre pour l’honneur d’une jeune fille d’antécédence maghrébine par son père, ou d’une autre brûlée vive par son fiancé. Cet argument chronologique de l’histoire est trop souvent avancé. Déclarer qu’il faut laisser du temps au temps pour répondre à la pendaison d’une femme adultère, à l’effroyable excision d’une petite fille ou à la décapitation par des militants indonésiens d’écolières chrétiennes comme trophées du Ramadan fait partie de l’indicible. Même si les femmes wahhabites du Golfe – mineures à vie comme dans de nombreux pays arabes rigoristes - n’ont toujours pas obtenu le droit de voter et de détenir un permis de conduire, l’hégire 1428 du troisième millénaire n’a pas empêché la propagation du téléphone cellulaire et l’usage quotidien d’Internet. En quoi ce décalage artificiel pourrait-il freiner l’évolution des mœurs et continuer à entretenir le mépris de la femme, si ce n’est la mauvaise foi d’un homme rétrograde qui tient à rester le maître perfide du jeu. Et puis cet ordre moral discriminant est tout autant manifeste chez les Occidentaux, où trop souvent encore la femme chrétienne n’est qu’un ventre ou un vagin, et doit subir au quotidien l’immonde machisme toujours triomphant. Sur quelle maturation sociétale faut-il compter pour ne plus voir le visage tuméfié d’une femme battue ?

Dans le monde, une femme sur trois est victime de violence physique. En France, plus de 2 millions de femmes sont frappées par leur conjoint. Pour une femme sur dix, son propre foyer est un lieu plus angoissant et dangereux qu’un train de banlieue ou un parking désert. Six Françaises décèdent - chaque mois - sous les coups, et 60 par an rien qu’à Paris. En Cisjordanie, 52 % des femmes font l’objet de sévices conjugaux, 30 % au Royaume-Uni, 29 % au Canada, 22 % aux États-Unis, 21 % au Nicaragua… Sur 9.000 femmes battues en Algérie (2004), les trois quarts l’ont été dans leur propre famille, non seulement par leur époux mais très souvent par leurs frères ou leurs pères. Plus de cinq ans après la chute des talibans, les femmes d’Afghanistan ont peut-être gagné le choix de la burka, mais pas celui de leur mari. Résultat, 500 filles et femmes s'immolent chaque année par le feu pour ne pas subir l’innommable d’un mariage forcé ou les mauvais traitements d'un mari violent, épousé de force. Et derrière ces chiffres, que d’agressions physiques et de violences morales restent dans l’ombre. Ainsi se consolent certaines femmes : « Si mon mari me frappe, c’est parce qu’il est jaloux et donc qu’il m’aime… ». Le dicton français : « Qui aime bien châtie bien » devient le proverbe arabe : « Si tu ne sais pas pourquoi tu bats ta femme, elle, elle le sait ! » Anne-Marie Delcambre, docteur en civilisation islamique, relate dans son livre L'islam des interdits : « En Algérie, on a assisté à des massacres de femmes vivant seules, considérées comme des dévergondées, des putes. Ces femmes furent agressées, battues, violées, mutilées, parce qu'elles étaient considérées comme menaçant l'ordre moral coranique et prophétique qui interdit célibat, monachisme et fornication. Les musulmanes qui ne respectent pas les interdits de l'islam menacent la communauté et ne méritent donc pas de rester en vie ». Lorsque ce sujet est abordé, qu’il soit fidèle au judaïsme, au christianisme ou à l’islam, le religieux répond toujours qu’il s’agit d’une instrumentalisation de sa religion et qu’aucun propos des Livres ne porte sur la moindre relégation de la femme. Voici pourtant quelques extraits de pure misogynie tirés des dits Livres.

Dans l’Ancien Testament

Genèse 1, 26. 27 : « Dieu a créé l’homme à son image. »

Genèse 3, 16 : « Le Seigneur dit ensuite à la femme : Je rendrai tes grossesses pénibles, tu souffriras pour mettre au monde tes enfants. Tu te sentiras attirée par ton mari, mais il dominera sur toi. »

Dans le Nouveau Testament

Éphésiens 5, 22-24 : « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur ; Car le mari est le chef de la femme comme Christ est le chef de l’Eglise, qui est mon corps, et dont il est le Sauveur, Or, de même que l’Eglise est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leurs maris en toutes choses. »

1 Timothée 2,11-14 : « Que la femme s’instruise en silence avec une entière soumission. Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre autorité sur l’homme mais qu’elle demeure dans le silence. Car Adam a été formé le premier, Eve ensuite. Et ce n'est pas Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui séduite, a désobéi. »

1 Timothée 2, 15 : « Néanmoins, elle sera sauvée par la maternité. »

1 Corinthiens 11 : 3 : « Je veux cependant que vous le sachiez : Christ est le chef de tout homme et l’homme est le chef de la femme, et Dieu est le chef de Christ. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme ; et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme à cause de l’homme. C’est pourquoi la femme, à cause des anges doit avoir sur la tête une marque de l’autorité dont elle dépend. Toutefois, dans le Seigneur, la femme n’est pas sans l’homme, ni l’homme sans la femme. Car de même que la femme a été tirée de l’homme, de même l’homme naît par la femme, et tout vient de Dieu. »

1 Corinthiens 11, 5-6 : « Toute femme qui prie ou parle sous l'inspiration de Dieu sans voile sur la tête, commet une faute identique, comme si elle avait la tête rasée. Si donc une femme ne porte pas de voile, qu'elle se tonde ; ou plutôt, qu'elle mette un voile puisque c'est une faute pour une femme d'avoir les cheveux tondus ou rasés. »

1 Corinthiens 14, 34-35 : « Que les femmes se taisent pendant les assemblées ; il ne leur est pas permis d'y parler, elles doivent obtempérer comme le veut la loi. Si elles souhaitent une explication sur quelque point particulier, qu'elles interrogent leur mari chez elles, car il n'est pas convenable à une femme de parler dans une assemblée. »

L'adultère féminin est condamné (Romains 7, 3), mais rien n'est dit à propos d’un même comportement de la part du mari. Aucune exigence n'est assénée au veuf, alors que la veuve devra se consacrer à la piété.

Dans le Coran

II, 228 : « Les maris sont supérieurs à leurs femmes. »

II, 282 : « Appelez deux témoins choisis parmi vous ; si vous ne trouvez pas deux hommes, appelez-en un seul et deux femmes parmi les personnes habiles à témoigner ; afin que, si l'une oublie, l'autre puisse rappeler le fait. »

IV, 12 : « Dieu vous commande, dans le partage de vos biens entre vos enfants, de donner au fils mâle la portion de deux filles ; s'il n'y a que des filles, et qu'elles soient plus de deux, elles auront les deux tiers de la succession ; s'il n'y en a qu'une seule, elle recevra la moitié. »

IV, 19 : « Si vos femmes commettent l'action infâme (l'adultère), appelez quatre témoins. Si leurs témoignages se réunissent contre elles, enfermez-les dans des maisons jusqu'à ce que la mort les visite ou que Dieu leur procure un moyen de salut. »

IV, 38 : « Les hommes sont supérieurs aux femmes à cause des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là au dessus de celles-ci, et parce que les hommes emploient leurs biens pour doter les femmes. Les femmes vertueuses sont obéissantes et soumises. Vous réprimanderez celles dont vous avez à craindre la désobéissance ; vous les relèguerez dans des lits à part, vous les battrez ; mais aussitôt qu'elles vous obéissent, ne leur cherchez point querelle. Dieu est élevé et grand. »

VII, 188 : « C'est lui qui vous a créés tous d'un seul homme, qui en a produit son épouse afin qu'il habitât avec elle, elle porta d'abord un fardeau léger et marchait sans peine. »

Le judaïsme et la Genèse

« Sois béni, Seigneur notre Dieu, Roi de l'Univers, qui ne m'as pas fait femme. » est une des prières que tout bon Juif doit prononcer chaque matin.

Sera-t-il possible d’aller au bout de cette analyse sans invectiver et accuser toutes les morales religieuses et bien pensantes d’incitation au mal ? Les doctrines religieuses sont-elles compatibles avec les idéaux humanistes d’égalité des sexes et de tolérance, défendus par l’ensemble des pays se réclamant de démocratie ? L’apologie des religions païennes est recevable en raison d’une attitude moins dévastatrice, voire très respectueuse et harmonieuse de la biosphère. Même remarque pour les grandes religions sans ciel ni enfer éternel, vénérant une cosmologie. Mais pour ce qui est de la misogynie, elles ne sont guère plus irréprochables. Les religions majeures sont phallocrates, toutes, y compris l’hindouisme et la « leçon de choses » du noble bouddhisme.

« Aussi le bouddha ne cesse-t-il de mettre ses disciples en garde contre la séduction insidieuse exercée par la femme : « Il faut se méfier des femmes, leur recommande-t-il. Pour une qui est sage, il en est plus de mille qui sont folles et méchantes. La femme est plus secrète que le chemin où, dans l'eau, passe le poisson. Elle est féroce comme le brigand et rusée comme lui. Il est rare qu'elle dise la vérité : pour elle, la vérité est pareille au mensonge, le mensonge pareil à la vérité. Souvent j'ai conseillé aux disciples d'éviter les femmes. » Henri Arvon (Le bouddha)

« L'attirance pour une femme vient surtout / De la pensée que son corps est pur / Mais il n'y a rien de pur / Dans le corps d'une femme / De même qu'un vase décoré rempli d'ordures / Peut plaire aux idiots / De même l'ignorant, l'insensé / Et le mondain désirent les femmes / La cité abjecte du corps / Avec ses trous excrétant les éléments / Est appelée par les stupides / Un objet de plaisir. » Nagarjuna, 1er siècle (La Précieuse Guirlande des avis au roi)

C’est à propos de ce texte que Raoul Vaneigem précise, dans son livre De l’inhumanité de la religion : « Enfin à ceux qui verraient dans le bouddhisme une religion moins brutale et plus ouverte au sentiment d'émancipation, il n'est pas inutile de rappeler quelques préceptes de la Précieuse Guirlande des avis au roi, que le Dalaï Lama ne dédaigne pas de citer et d'approuver dans son ouvrage, Comme la lumière avec la flamme. »

Mais que dire de la Chine ? A fortiori si l’on regarde le traitement atroce infligé aux prisonnières tibétaines de conscience par l’occupant chinois dans les deux prisons les plus connues de Drapchi et de Gutsa au Tibet ! Les plus immondes tortures y sont instituées bien que la Chine ait ratifié en 1988 la convention internationale contre la torture. Les actes de cruautés sont tout spécialement ciblés sur les femmes. L’interrogatoire des prisonnières, arrêtées pour leur résistance pacifique ou leur soutien au Dalaï-Lama, est accompagné de viols collectifs et des traitements les plus violents et les plus dégradants qui soient. Déshabillées, elles sont rouées de coups de bâtons, de barres de fer ou d’aiguillons électriques à bétail. Pendues la tête en bas, elles supportent les pires sévices, sont brûlées à la cigarette, les parties génitales torturées à l’électricité, exposées aux intempéries, à des chiens lâchés contre elles, elles endurent de pénibles exercices physiques, des périodes de confinement solitaire en position recroquevillée, et sont soumises à une malnutrition savamment entretenue. Le Tibet est l’immense prison que l’on sait, avec un bilan de plus d’un million de morts (guerre, exécutions, famine et suicides), 6.000 monastères et bâtiments historiques anéantis, le plateau tibétain investi par des colons chinois, implanté de fabriques d’armes atomiques, victime d’un déboisement massif et d’une surexploitation minière. Quelle religion préside donc à cette mise à sac des paysages, à cette négation du respect des hommes et à ce vil traitement des femmes ? L’ambiguïté de l’identité religieuse chinoise est grande. Le bouddhisme, le taoïsme, le confucianisme, d’innombrables religions antiques, un athéisme militant et vénéré par le diktat communiste durant la république populaire, tout se mêle, avec la barbarie en point d’orgue.

Mais aujourd’hui, on préfère nous montrer la croissance des mégapoles qui se tournent inéluctablement vers le capitalisme libéralisme, comme restauration du pays.

Et qu’en est-il en Inde, ce pays qui avant 2050 aura démographiquement surpassé la Chine ? « Pourquoi es-tu venue au monde, ma fille, quand un garçon je voulais ? Vas donc à la mer remplir ton seau : puisses-tu y tomber et t'y noyer », dit une chanson populaire. Comme c’est paradoxal au pays des vénérables enseignements de Gandhi : « Si la non-violence est la loi de la nature humaine, alors l’avenir appartient aux femmes ». Nehru était hostile à toute discrimination. Selon un rapport de l’OCDE datant de 2004 « l’Inde est le premier pays du monde pour le nombre de femmes soumises à un statut très inégalitaire par rapport aux hommes ». Les codes social, moral et rituel de la société hindoue sont régis par les lois de Manu et datent du corpus sanscrit de la période archaïque de la religion védique (entre 1500 et

500 av. J.-C.). On peut y noter que « Dieu attribua à la femme la colère, la malhonnêteté, la malice et l'immoralité. De la naissance à la mort, elle dépend d'un homme, tout d'abord de son père, puis de son mari, et après le décès de celui-ci, de son fils ». Seul le mariage serait donc susceptible de juguler le vice féminin ! « Un mari même ivrogne, lépreux, sadique ou brutal doit être vénéré comme un dieu. » précise un autre texte de ces mêmes lois religieuses hindoues de Manu. La naissance d'une fille est ainsi appréhendée comme une malédiction et la discrimination féminine se manifeste dans tous les secteurs de la vie sociale. On compte chaque année en Inde plus de 7.000 femmes brûlées vives pour cause de dot impayée. Bien des gouvernements ont montré une volonté d’inverser la tendance, mais le poids des traditions et de la conscience collective est un énorme frein.

 

D’origine hébraïque ou pharaonique, 1.900 ans après sa promulgation et principalement sous couvert de l’islam dont elle serait pourtant étrangère, la coutume des mutilations génitales et de la « couture » de la femme sévit encore dans vingt-huit pays islamiques, avec 15 % de mortalité infantile due aux risques d'hémorragie et à l’absence de prophylaxie. Excision, clitoridectomie, infibulation, justifiées mais non suggérées par la religion, sont surtout pratiquées en Afrique, de la Mauritanie à l’Éthiopie, notamment au Mali et en Gambie, sur des fillettes de 4 à 12 ans. Cette cruelle et révoltante tradition, qui touche 150 millions de femmes dans le monde, est partie prenante de certaines religions animistes, des catholiques, des protestants, des coptes, des juifs et des musulmans. Elle n’est pas exclusive aux traditions africaines et sévit aussi en Inde. Deux millions de fillettes en sont chaque année les victimes, dont 60.000 en France. Le prétexte est la prévention de la masturbation et de l'hystérie. Virginité et chasteté en sont donc les futiles justifications. L'infibulation, ou excision pharaonique, est la plus grave. Surtout en usage chez les ressortissants d’Afrique australe, il s’agit d’une ablation du clitoris, des petites et des grandes lèvres, parachevée par une suture de la vulve, souvent à l'aide d'épines, pour ne laisser ouvert qu'un minuscule espace rendant douloureuse la miction et difficile l’écoulement des flux menstruels. Après le mariage et au prix d’insoutenables souffrances pour la femme, le mari coupe les fils ou ceux-ci se rompent au fur et à mesure des tentatives de rapports sexuels. Il arrive même que l’on réinfibule la femme après l'accouchement.

Machisme du père, des grands frères, du fiancé, du mari, du patron, du petit chef, du conducteur au volant, le machisme est une manifestation extrême de la virilité, pour lequel on peut toujours plaider les effets coupables de la testostérone. Conforté par le poids des traditions et des religions, avéré par une infériorité toute biologique de la faible femelle, cette identité revendiquée par le monde masculin est une des grandes plaies de l’humanité. Un machiste ne peut que professer des idées conservatrices, obtuses, partiales, dans l’objectif de ménager ses privilèges. Le machisme estime que le rôle de la femme respectable est de demeurer à la maison pour ne jouer que son double rôle annihilant de sage épouse et de bonne mère. Paradoxalement, l’homme s’octroie une sexualité parallèle, interdite à la femme, sauf et curieusement quand elle est sa maîtresse qui par ailleurs peut être mariée… à un autre machiste. Il n’y a donc pas de solidarité parmi les machistes, mais une féroce et mâle compétition. « Toutes des putes, sauf ma mère et ma sœur ! », le cri du cœur macho reste clair ! Ce rôle de mère et d’épouse est tellement conforté par la plupart des religions inégalitaires, notamment par le dogme patriarcal catholique, que la permanence du schéma peut se reproduire par les soins de la femme qui transmet elle-même le machisme au garçon et une notion d’infériorité admise à la fille (cas de la Mama italienne). Dès l’enfance, le choix des jouets, puis des lectures, est essentiel dans ce type d’éducation. Phallocratie, racisme, spécisme, ces déviances plutôt liées à la culture monothéiste de la terreur sont moins lisibles dans l’identité des peuples indigènes. Non instrumentalisée, elle n’est alors qu’une loi biologique de la domination masculine. C’est sous le joug colonial qu’elle triomphe et qu’elle revêt une signification sociétale et politique difficile à éradiquer. N’est-il pas ambigu que nos sociétés prétendent tout mettre en œuvre pour lutter contre ces discriminations que sont le sexisme et l’homophobie, tout en tolérant des pouvoirs religieux parallèles qui enseignent la soumission de la femme et l’homosexualité comme maladie ? Au nom de nos lois féministes et anti-homophobes, la justice ne devrait-elle pas poursuivre les livres saints en vue d’expurger leurs textes rétrogrades et pernicieux qui incitent à ces discriminations ? « Droits » de la fillette subsaharienne gavée telle une oie pour avoir « toutes ses chances » sur un marché du mariage qui la veut dodue ; « droits » de la même fillette excisée pour ne pas rencontrer le plaisir, infibulée en gage de virginité, cédée comme esclave quand en prime elle est Noire ; « droits » de l’adolescente mariée de force au vieil homme polygame le plus offrant ; « droits » de la musulmane voilée, bâchée, emmurée au foyer ; « droits » de la femme maghrébine ou africaine, bête de somme pliée en deux sous des charges de bois ou de marchandises ; « droits » de l’Afghane lapidée ; « droits » de l’Iranienne pendue pour sauver l’honneur de la famille bafouée ; « droits » de la femme exécutée pour refus de soumission au Yémen ; « droits » de la femme brûlée vive en Irak, en Inde, à Kaboul, à Marseille ou dans la banlieue parisienne ; « droits » de l’Indienne non désirée et reléguée dès sa naissance ; « droits » de la latine ou de la musulmane soumise au machisme du père, du grand frère, puis du mari ; « droits » de la femme veuve ou divorcée qui ne vaut plus rien ; « droits » de l’épouse contrainte au viol conjugal, de la travailleuse proie facile au chantage sexuel ; « droits » de la femme partout battue, violée, humiliée, raillée, désobligée. En se montrant réactif à un événement emblématique parce que people, on pourrait enchaîner sur le sort réservé en mai 2007 à la photographe éprise de musique raï et victime d’une misogynie sanguinaire au service des grands principes monothéistes, 100 % arabica dans le contexte. 100 % arabica était le titre d’un film où jouait le chanteur Cheb Mami, au nom de l’honneur duquel avait été ordonnée la mort du fœtus de la honte porté par une de ses ex-amies. Une femme est toujours l’ex-amie dès qu’elle a été enfantée hors mariage par un mâle endoctriné des vraies valeurs. Lui chante des chansons d’amour. Et c’est pour cela qu’il est souvent menacé par plus extrémiste que lui et qu’il doit s’opposer au fondamentaliste. Quelle échelle de valeurs ! C’est ainsi que l’on retrouvait le nom du chanteur dans la liste des premiers signataires de l’appel du mouvement Ni putes Ni soumises, pour un nouveau combat féministe contre les intégrismes et la menace dont ils témoignent contre la mixité. C’est donc si difficile d’assumer ses actes et ses propos, sans laisser le naturel monothéiste revenir au galop jusqu’à l’innommable dont il est coutumier ? Si l’assassinat de Marie Trintignant par un autre prince charmant de la chanson à conscience universelle pouvait prêter à plaidoirie passionnelle, le curetage forcé organisé en Algérie par les sbires de Cheb Mami n’avait pas la moindre excuse, sauf celle d’une arabité pure et dure, comme le reconnaissait Mami lui-même, un temps réfugié sous l’aile protectrice du malveillant Abdelaziz Bouteflika, quand il argumentait qu’il était victime de l’injustice chrétienne seulement parce qu’il était arabe ! Au nom de la loi masculine, on dira que ce n’est pas la première fois que l’une cherchait à se faire engrosser par une star de la chansonnette, et que l’autre était une nymphomane notoire. Ainsi, toutes deux l’avaient bien cherché. Au nom de dieu et de la testostérone, le sort fait à la femme relève d’un purgatoire. Les extrêmes se rejoignent et, sans s’appesantir sur la dimension fétichiste sous-tendue, on peut dire que la vision de la femme en islam n’a rien à envier à celle de la pornographie danoise. Sauf que dans ce dernier cas, l’actrice est habituellement consentante pour participer à l’image que l’on veut montrer, au nom des fantasmes érotiques d’un produit exutoire de la sexualité masculine.

Pourquoi encore tant de courtisanes et si peu de misandrie en échange ?
article sur Agoravox

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